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Après des études menées entre Paris, sa ville natale, et Londres, Dignimont expose dans les années 20 au Salon d'Automne et au Salon des Indépendants. Il devient surtout un des piliers du Salon de l'Araignée, manifestation qui décide de l'orientation de sa carrière vers le livre illustré.
A partir de 1925, il enrichit de ses images les livres de Carco et Mac Orlan, mais aussi de Colette et d'Emmanuel Bove. Il illustrera ainsi plus de 50 livres au cours d'une carrière longue et prolifique.
Passé maître dans l'art de représenter les gens de la nuit et des ports, il peint par ailleurs de nombreuses toiles, paysages ou nus féminins.
Partisan de la réouverture des maisons closes et de la suppression de tous les partis politiques, Dignimont est, selon Galtier-Boissière, "le seul parisien qui puisse se permettre, sans être sur le champ jeté en quelque cul de basse-fosse, de déambuler de Grenelle à à la rue de la Paix, coiffé d'un de ces melons gris souris qu'arborent les propriétaires au pavillon réservé d'Auteuil, drapé dans un raglan cacao et ses pectoraux d'athlète ceint d'un gilet de cocher à carreaux s'ouvrant comme une fleur sur une authentique liquette de déménageur auvergnat."
Collectionneur de "petites inutilités 1900", homme bon et généreux, Dignimont porte sur la vie et les gens un regard lucide, d'où l'ironie ne chasse pas une tendresse certaine.
« L’art de Dig, écrit Gus Bofa, est si parfaitement appareillé aux histoires de Carco que ce sera, pour les historiens de l’avenir, une tâche impossible de savoir si Dig a commencé à dessiner après avoir lu les livres de Carco, ou Carco d’écrire pour avoir vu les dessins de Dig. Toujours est-il qu’à eux deux, ils ont réussi à créer le Milieu de toutes pièces, jusqu’à en effacer dans nos mémoires, le moindre souvenir de ce que pouvait être, avant eux, les apaches et les filles. Aujourd’hui, les maquereaux ont bibliophiles et les poules du tas fréquentent dans les salons de peinture. Au moins peut-on le supposer puisqu’ils réussissent à ressembler merveilleusement aux modèles qu’a créés pour leur usage l’équipe Carco-Dignimont.
Et s’il plaisait un jour à ces deux associés de renouveler leur manière et d’imposer à leurs héros le port du tube gris perle ou des robes à paniers, vous n’auriez pas longtemps à attendre, j’en suis assuré, pour rencontrer ces modes nouvelles dans tous les bistros du Faubourg Saint-Martin et de la République. C’est là une grande responsabilité pour l’artiste et l’écrivain

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