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"Chas Laborde a été accusé avant-guerre de savoir dessiner, ce qui était grave. Puis, ses admirateurs décidés ont déploré chez lui une tendance au cubisme, qu'ils ont attribué - Dieu sait pourquoi! - aux fatigues de quatre années de front.

Je l'ai, plus récemment, entendu traiter de peintre de moeurs et d'observateur implacable. Aujourd'hui, enfin, on lui reproche d'aller chercher une inspiration malsaine et équivoque chez les dessinateurs allemands et de jouer à la suite de Grosz au simultanéisme.

Je pense pour ma part que Chas Laborde n'a pas changé depuis quinze ans que j'ai le plaisir de le connaître. Je l'ai vu l'autre semaine, il m'a paru étrangement semblable à lui-même; timidement caché derrière ses lunettes, parlant peu avec véhémence et confusion, et fumant beaucoup trop de cigares, à mon avis, pour sa santé et mon agrément personnel. Je ne lui ai pas trouvé la figure d'un cubiste, d'un simultanéiste, ou d'un peintre de moeurs.

C'est, d'abord, un homme intelligent, d'esprit fin et fantaisiste, un artiste sensible et sans indulgence. Il se soucie avant tout de dire ce qu'il a à dire, et très peu de savoir selon quelles lois respectées il faut le dire."

Gus Bofa, Le Crapouillot, 16 juin 1923.

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