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Né en 1888, à Murree (Pakistan),Bruce Bairnsfather se destine à la carrière militaire mais démissionne de son régiment en 1907 pour devenir artiste.
En 1914 il s'engage. Servant comme lieutenant d'une section de mitrailleuses, il participe à l'unique trêve de Noël 1914 qui voit Anglais et Allemands spontanément fraterniser sur les hauteurs de St-Yvon (un film français mettra cet épisode en scène mais en remplaçant les soldats britanniques par des Français!).
Ses premiers croquis, il les fait sur les murs d'une maison ruinée qu'il occupe. En 1915, il est blessé et commence à dessiner à l'hôpital ses Fragments of France. C'est The Bystander qui publie les dessins qu'il fait de la vie quotidienne des "Tommies" dans les tranchées.
Son inspiration est proche de celle de Bofa. Lui aussi montre les soldats comme des pauvres bougres, stoïques, résignés à leur sort, spectateurs d'une catastrophe qui les dépasse. Aucune exaltation patriotique, aucune gloriole belliqueuse. Bairnsfather voit la guerre à la hauteur du fantassin, plus soucieux de sauver sa peau que de haïr ceux d'en face.
Critiqués pour leur vulgarité, ses dessins n'en sont pas moins très populaires auprès des troupes et lui valent d'être envoyé dessiner pour les Américains.
Lors de la Seconde Guerre Mondiale, il sera d'ailleurs un des artistes appelé par l'armée américaine pour dessiner dans des publications comme Stars & Stripes. Son travail influencera notamment Bill Mauldin.
Il meurt en 1959.
Jean-Norton Cru, lui-même combattant de la Grande guerre, rend cet hommage au talent de Bairnsfather, "artiste comme nous n'en avons pas eu en France pour raconter la guerre par le crayon. (...) Bairnsfather reste le seul grand artiste des tranchées dans tous les pays belligérants. Il a interprété fidèlement les faits, les gestes et l'âme du fantassin; s'il a souvent caricaturé l'ennemi, il n'a jamais chargé son portrait plus qu'il ne chargeait celui du soldat anglais, et surtout, il n'y a pas mis de légendes vengeresses. C'est un combattant, il dessine comme il pense, en poilu. La collection de ses dessins constitue un document psychologique de première importance, plus précieux que les oeuvres de n'importe quel écrivain du front que je connaisse parmi ses compatriotes." (Témoins, 1929).

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