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JO MERRY (pseudonyme de René Mérigeault).

De Jo Merry, Gus Bofa dit : " Il tient toutes ses promesses et même celles des autres. Il imite mes dessins de quand-j'avais-vingt-ans. Un homme se penche sur mon passé."

Mais, loin d'en être fâché, Bofa s'amuse plutôt de ce personnage curieux, qu'il décrit comme un séducteur et un aventurier. Aventurier, cet ingénieur des mines l'est puisqu'on le voit sauter d'un continent à l'autre, de l'Indochine au Maroc, du Mexique à la Californie, où il se fait cow-boy et se casse une jambe.
Les deux hommes ont en commun l'amour de la mer et des romans de Mac Orlan (Jo Merry a emprunté son pseudonyme à un des pirates de A Bord de l'Etoile Matutine).

En 1938, Jo Merry publie à Alger un premier album, dans la lignée de Malaises : Fuites localisées. Mais son humeur, indulgente et souriante, est à cent lieues de l'ironie amère de Bofa. Et jamais, contrairement à Jean Bruller, Merry ne se livre à un plagiat.

Loin de se formaliser, Gus Bofa le guide et le conseille tout au long de la réalisation de son second livre, La fin sans les moyens, le recommandant auprès de La Tradition. En échange, Merry approvisionne Bofa en charbon, denrée rare durant la guerre. Pour dissiper toute équivoque, Merry écrit à la sortie du livre, en février 1944 : “... je vous prie de noter que mon ami Gus Bofa n’a pas collaboré à cet ouvrage...”

La signature de Jo Merry apparait ensuite sur Les Bovidés de Jean Fougère (Editions du Pavois, 1943), L'Honorable partie de campagne de Thomas Raucat (Editions P.E.G., 1944), Histoires sous le vent de Jacques Perret (Editions de la Nouvelle France, 1944), Les corsaires du Roi de T'Serstevens (Editions du Pavois, 1945), Éloge de l'ivresse de Sallengres (Editions de la Couronne, 1945).

Bofa s'était pris d'une amitié paternelle pour ce cadet, voyageur au long cours. Jo Merry a mené une vie pleine et libre. Il est dommage qu'aujourd'hui son nom ne figure dans aucun dictionnaire spécialisé.

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