Une critique de Roll-Mops, le Dieu assis, roman aujourd’hui encore trop négligé de Gus Bofa. Warnod en donne une analyse aussi fine que brillante.
« Il y a des livres semblables à ces petits flacons d’un verre très épais et dans lesquels on enferme une seule goutte d’essence de rose, une essence tellement puissante que cette goutte unique est plus représentative de toute la roseraie que des litres d’extraits. Le petit livre de Gus Bofa est de ceux-là. (…) Gus Bofa est un des esprits les plus curieux d’à présent et son humour comptera parmi les manifestations les plus caractéristiques de notre époque. (…) Il brûle avec désinvolture – avec allégresse – ce qu’on avait convenu d’adorer depuis toujours, et s’apparente ainsi aux plus grands humoristes d’aujourd’hui et d’autrefois tels que Jarry ou Swift. Sa gaieté est amère; il force les gens à rire, mais est-il bien sûr que les gens lui pardonnent de les avoir fait rire de cette façon? Son livre Roll-Mops est un petit ouvrage infiniment précieux : il en dit plus dans ses cent pages que beaucoup de gros bouquins pesants et ennuyeux. Le texte se mêle aux dessins. Nul ne pourrait illustrer Bofa, si ce n’est Bofa lui-même. La représentation plastique de son héros et de ceux qui l’entourent a quelque chose d’hallucinant qui convient parfaitement à l’étrange puissance de ce Roll-Mops Dieu assis. »
André Warnod.
