LES HUIT MOMENTS CLÉS DE LA VIE DE GUS BOFA

Dans la continuité des moments clés de l’histoire de la bande dessinée, de l’Association ou du journal Spirou, François Ayroles poursuit son projet en illustrant toujours avec humour huit moments clés de la vie de Gus Bofa, que l’on peut retrouver dans le livre À la recherche de Gus Bofa aux éditions Michel Lagarde. Des légendes supplémentaires écrites par Jean-Pierre Mercier, ont été ajoutées pour permettre de mieux contextualiser chaque moment.

Fils de colonel et avant-dernier de douze enfants, le jeune Gustave Blanchot vit des jours heureux dans une maison bordelaise, entouré de cette tribu familiale qui le préserve du monde extérieur. La nomination du père à Paris en 1893 sonne la fin de cette période du «miracle de l’enfance».
Rétif à la discipline scolaire, la vocation militaire qui lui était destinée s’écroule. Il s’invente un nom à 5 ans et se passionne pour le dessin et le sport. Il tourne le dos au réalisme et publie son premier dessin de presse à 17 ans. Sa famille déplorant son manque d’ambition, il est présenté à un peintre académique puis est inscrit au concours d’admission de l’École des Beaux-Arts. C’est un fiasco.
En 1907, il crée sa société d’affichiste. Ses productions transmettent alors une certaine joie de vivre. Il collabore au Rire dont on lui confie la direction artistique, avant de rejoindre Le Sourire dont il relance les ventes. Mobilisé en 1914, il est blessé au pied et à la hanche et s’oppose aux médecins qui veulent l’amputer.
De retour à la vie civile il rencontre une « marraine de guerre », Alice Lœwenstein, une riche bourgeoise de 20 ans son aînée, qu’il épouse en 1916. N’ayant aucun goût pour la vie de bohème, il peut travailler sans le souci de gagner sa vie.
Son traumatisme de la guerre et son « cafard » s’expriment dans ses livres. Lors d’une cure thermale, il constate qu’il ne peut plus accomplir certaines prouesses physiques. Il a 35 ans et décide qu’il aura indéfiniment l’âge de 37 ans.
Ennemi de la vieille gaieté française il a l’ambition d’imposer l’humour vrai, c’est-à-dire « la fantaisie née de la confrontation de la personnalité de l’artiste et du monde qui l’entoure ». Il rassemble les « mauvais garçons de l’ironie » en un salon annuel à partir de 1920. Quand il constate qu’au bout de dix ans la manifestation engrange des bénéfices, il saborde le navire.
En 1929, il rencontre Cécile Grosos qu’il rebaptise Catherine. Alice, âgée et malade, donne sa bénédiction à cette liaison qui aboutira à un mariage en 1940, six ans après la mort de celle-ci. La crise économique des années 30 perdure et les difficultés que connaît l’édition s’accentuent pendant la guerre de 40. Le couple Bofa prend de la distance à Mauperthuis, à une soixantaine de kilomètres de Paris. Il est contraint de quitter cet exil en 1947 pour retrouver Paris.
Face aux difficultés financières et à la perte de ses amis, Gus Bofa se renferme sur lui-même et prend encore plus de distance avec son époque. En 1966, sa femme le convainc de partir vivre du côté de Marseille. C’est là qu’il trouve une certaine paix intérieure pendant les deux années qui lui restent à vivre.